Nadine, à Bruxelles, connaît Najim, à Bruxelles aussi. Hazma, frère de Najim, vit à Casablanca. Je connais Nadine et j’apprends déjà que ces liens suffisent pour créer une filière. Légale, amicale, bienveillante, mais filière quand même.
Avant mon départ, j’ai vu Nadine fréquemment, et Najim une seule fois. A Casablanca, je vois très vite Hazma, très brièvement aussi : le temps qu’il faut pour se passer les clés d’une voiture, laquelle se trouve en double file sur un des boulevards les plus fréquentés de la ville, moteur allumé bien entendu.
Trois minutes, à peine, pour confirmer les termes d’un accord pris la veille par téléphone, enregistrer quelques conseils techniques et me voilà lancée dans le trafic d’une ville inconnue, au volant d’une SUV automatique dont les feux de détresse s’allument sans prévenir.
Il faut y aller, garder sa place dans le flux de véhicules luxueux ou précaires, mélangés. Heureusement, des réflexes de karting me reviennent : si tu ne passes pas, l’autre prend ta place, assure son avance, et surtout prépare la route à ceux qui le suivent et te laissent en retrait, pour aussi longtemps que tu te laisses faire. J’avance donc.
L’aventure commence vraiment, avec cette brusque insertion dans un trafic intense, cette promesse d’exploration, de liberté…sans oublier la possibilité de garder, quelques temps encore, un rythme européen dans ce décor pourtant plus sain et plus paisible, mais toujours inaccessible.