Fi des stéréotypes!

Hicham a le corps maigre et long, une barbiche tirant vers le blanc, la peau brûlée et des prunelles d’un même brun éclatant. Son large sourire, un peu paternel, se voit clairement derrière son masque, tant il lui creuse les rides des yeux. Comme la plupart des chauffeurs de taxi dont j’ai utilisé les services, il accepte d’office toutes les courses qui lui ont été commandées par message vocal enregistré, quitte à envoyer à sa place un copain/collègue/confrère s’il s’avère occupé au moment convenu. Fiable et raisonnable, celui-ci se partage entre quelques clients qui glissent son numéro à leurs proches de confiance.

Le jour de notre première rencontre, au centre de Casablanca, il est arrivé à l’avance, et moi, peu fière, en retard. Il attendait, tout simplement. Il m’avait bien envoyé une photo de son taxi, que je ne connaissais pas, et de son emplacement, qui m’était tout aussi étranger, mais rien dans sa voix ne trahissait quelque agacement que ce soit. La hâte et l’effervescence se mêlent à l’air lourd de Casablanca, mais l’impatience, jamais.

La conversation tourna vit autour du bonheur, justement. Du plaisir de rencontrer les gens, de leur rester fidèle, de vivre non loin de l’océan… De cette ville adorée où il avait toujours vécu, et fréquenté une école jusqu’à ses 14 ans, et appris ensuite dans les livres la langue française qu’il parle désormais parfaitement. Il ne rata aucun occasion de rappeler les valeurs qui lui sont chères : partage, solidarité, tranquillité.

De fil en aiguille, il en arrive à me questionner à propos de la course précédente, pour laquelle il avait envoyé quelqu’un d’autre. « Très bien, mais un peu chère ». Combien? Vraiment? Il secoue la tête de gauche à droite, visiblement offusqué. J’ai beau lui dire que ce n’est pas grave, que l’heure et la destination avaient été respectés, il garde une rancœur visible, et tranche subitement : « vous me payez 50 dirhams (5 euros) de moins aujourd’hui, j’irai les chercher chez lui. » S’en suit l’enregistrement d’un message vocal clair et net, même si je n’en comprends pas les mots.

Bien sûr, dix jours dans un rayon de 10km de terre marocaine ne permettent pas de mener une étude sociologique digne de ce nom, mais en ce qui me concerne, ils ont suffi à bousculer les inévitables stéréotypes qui alourdissaient mes bagages : aucun Marocain à qui j’ai eu à faire ne m’a roulée dans la farine, au contraire. Certains ont peut-être forcé leurs prix, mais pas démesurément, et d’autres ont proposé des services inutiles pour quelques pièces, mais des roublards, des manipulateurs, des menteurs, je n’en ai rencontré aucun.

Parmi les Belges sur place, en revanche…

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